Burn-out : quand on pense que ça n’arrive qu’aux autres
Moi qui planifie tout à l’avance, j’avoue que celle-ci, je ne l’ai pas vue venir.
Lundi 20 novembre 2023, un lundi comme tous les autres. J’attaque ma semaine, resourcé grâce aux activités sportives et culturelles que j’ai fait le weekend, en plus des petites siestes auxquelles j’ai eu droit. Il faut dire que je ne dors pas très bien depuis quelques temps. Je le sens en me réveillant le matin, et ma montre connectée me le confirme. J’attaque une semaine bien chargée comme les plus 30 semaines précédentes.
A partir de 10h30, je commence à sentir des choses que je n’ai jamais senti auparavant : de l’angoisse et un stress très élevé. Je ne prête pas attention à ces signaux et j’essaie de m’occuper à faire autre chose jusqu’à ce que je devienne presque paralysé. Des idées noires, le cœur et les épaules très lourds, une panique que je n’ai jamais connu. Et c’est à ce moment qu’a commencé le sal quart d’heure, le vrai.
J’essaie de me rassurer face à l’inédit de cette sensation : peut-être c’est le jeune intermittent ? ou le manque de nicotine ? ou l’excès de caféine ? Je dois demander de l’aide. Je n’ai pas pu m’adresser aux collègues autour de moi. Je prends mon téléphone pour appeler mon frère ou l’un des amis proches. Mais je ne le fais pas. Je suis paralysé et j’ai peur de leur faire peur pour rien. J’envoie un message de détresse à un ami/collègue qui m’a littéralement sauvé de cette crise de panique en sortant marcher un peu et externaliser. Cet ami, que je ne remercierais jamais assez, m’a réconforté et m’a aidé à mettre de côté ces pensées terriblement négatives. « Overthinking » et idées noires, un dangereux mélange.
Était-ce un début de burn-out ou LE burn-out ? je le saurais lorsque j’aurais consulté un spécialiste. Revenons maintenant aux causes.
Sans entrer dans les détails de ma vie professionnelle et mon quotidien au travail. Les derniers mois étaient assez chargés et très stressants. Beaucoup d’attentes envers moi-même, des attentes que je cultivais au fil des mois. Des attentes de la part des personnes qui m’ont fait confiance, de gros enjeux, plusieurs sujets et équipes à gérer en même temps. Mais je gère, c’est ce que je me répétais à dire à moi-même.
J’avais entendu autour de moi des histoires sur les premiers signaux du burn-out : incapacité de quitter le lit le matin pour aller au travail, migraine, difficulté à se concentrer…etc. Et je l’ai vécu durant les mois de juillet et août. Mais je m’abstenais de penser que c’était le « mood » estival, rien de plus. L’automne est au coin de la rue, tout va bien.
Avec un peu de recul, je pense que je suis tombé dans le piège. Le piège de l’hyper-performance que je cherche à réaliser de plus en plus, et cela depuis plus de 3 ans. Le piège du time-boxing quasi stricte, de tout mettre sur le calendrier (sinon, ça n’existe pas), des to-do lists interminables, des dizaines de réunions par semaines, du « growth mindset » extrémiste où l’on doit apprendre tous les jours…etc. Je ne me suis pas du tout reposé. Même en, mon supposé, temps de repos, je remplissais mon calendrier personnel avec :
- Des tâches ménagères : meal prep chaque dimanche, rappel pour arroser les plantes un vendredi sur deux, tourner une machine couleur chaque mardi, faire les courses, pressing…)
- Un objectif de nombre de pages lues par jour et jongler entre plusieurs livres
- Du sport : 3 séances de running matinales (réveil à 06H06), 2 à 3 matchs de Padel, 1 séance de renforcement musculaires, et le tout chaque semaine
- Une formation en investissement providentiel (Angel Investing)
- Du coaching à des entrepreneurs
- La famille, les amis, les soirées, les sorties, les entrées…
Bref, je pensais qu’hisser la barre n’avait aucune limite et que, grâce à l’organisation pointue, je pouvais toujours faire plus.
A l’heure où j’écris ce billet, je n’arrive pas à me concentrer plus de 15min sur mes anciennes tâches. Un break s’impose. Tout le monde est unanime. « L’erreur n’est pas de commettre une erreur, mais de continuer à la commettre ». Je m’angoisse un peu à l’idée de ne pas revenir à mon niveau de productivité. Mais qui a dit que je devais, tout de suite, maintenant.
Je ne suis pas en mesure de donner des conseils en ce moment. Je peux juste dire qu’heureusement je pratique du sport, je médite le soir, je mange relativement sain et je bouquine. Je n’ose pas imaginer ce qu’il y aurait pu m’arriver sans tout cela.
Ecrire me soulage, et cet exercice m’a vraiment aidé. Mais j’ai voulu surtout partager cette mésaventure avec les gens qui, comme moi, se sont « moqués » du concept du burn-out. Personne n’est à l’abri. Prenez soin de vous les amis.